Jean Jacques Massé : la sécurité c'est son affaire

Publié le 9 Novembre 2016

Retrouvez l'interview qu'a donné notre dirigeant Jean Jacques Massé à la presse locale ou il explique son rôle auprès des instances du football régional.

La rigueur se niche dans le détail. Comme le diable. Notez que l'un existe peut-être pour combattre l'autre. Lorsque le premier clan est belliqueusement conquis, le second l'affronte. C'est un peu l'histoire de cet homme, Jean-Jacques Massé, 60 ans, un ancien de la « Grande Muette ». « C'est au détour de mon service militaire que j'ai basculé vers la gendarmerie, précisément pour amortir cette année obligatoire. Je ne sais pas pourquoi j'ai pris cette option » explique-t-il paisiblement au coeur de son havre de paix, à Saint-Maurice-la-Clouère.
 

Tout se perd
 

« Au départ, l'armée ce n'était pas mon truc. Je travaillais dans une banque, j'étais plutôt scientifique. Et puis tout s'est enchaîné. J'ai été pris sur dossier et... voilà! » Voilà ce qui fait qu'aujourd'hui, Jean-Jacques Massé est ce que l'on appelle en langage contraint, un « référent sécurité ».

Le gendarme est né ici. Ou quelque part par là, entre Gençay et Saint Maurice. Après huit ans de retraite, il observe toujours ce goût du discret. De l'instant d'avant. Allez, qui êtes-vous? Un clandestin de la coulisse? « Bof, un peu. En fait, j'étais un gendarme baroudeur. Un gars qui était souvent en déplacement. J'ai appartenu aux forces mobiles d'intervention, à la brigade territoriale, au peloton d'intervention qui est juste au-dessous du GIGN, et j'ai terminé au service organisation de la gendarmerie de Poitiers. J'ai aussi mis en place "l'entourage" de la prison de Vivonne et certaines zones de sécurité de centrales nucléaires. Comme à Civaux. » A partir de là, tout est sous contrôle et on se dit que l'ensemble doit être méthodiquement boutonné. « Ah, il y a des choses dont je ne peux pas parler. J'ai été au secret défense. C'est un peu idiot car, il y a quelques années, on travaillait ensemble avec vous, les journalistes. C'était une question de confiance. Aujourd'hui, c'est fini. Chacun chez soi. Tout se perd. »

Tout? Non! Depuis deux ans, Jean-Jacques Massé a été cramponné par une autre autorité, différemment gradée. Il a pris une option qui confine encore au méthodiquement secret mais autour du ballon rond. En version moderne. « D'abord, le foot, c'est ma passion. Je jouais encore avant-centre à Saint-Maurice à l'âge de 50 ans. Je suis toujours licencié et j'y tiens. Je suis proche du football rural, de masse. En 2014, la FFF a pris l'initiative de former des référents sécurité pour l'Euro 2016. J'étais au district de la Vienne et à la ligue et je dois avouer que ma carte de visite m'a bien aidée. Ma première formation a eu lieu à la fédé en mai 2014. A l'époque, on basculait juste du hooliganisme vers le terrorisme. C'était tout nouveau. Les cours étaient d'ailleurs dispensés par des officiers de la DNLH(Division nationale de lutte contre le hooliganisme). Aujourd'hui, nous sommes quarante spécialistes en France et nous travaillons en binôme. Sur la "Nouvelle Aquitaine", nous sommes quatre. Deux à Bordeaux, un à Angoulême et moi à Poitiers. Et je peux vous dire que ce n'est pas du pipeau. Actuellement, il y a plusieurs milliers de fous répertoriés et identifiés. Il y en a forcément chez nous, ici, pas seulement dans les grandes villes. »
 

Poitiers - Châteauroux sous haute surveillance
 

Combien sont-ils dans la Vienne? Dix, vingt? « Je ne peux pas répondre à cela. Mais il y en a. » Aussi, quand Jean-Jacques Massé demande la plus grande attention lors des rassemblements, il souhaiterait que l'on ne balaie pas l'avertissement d'un revers de main, comme une simple apostille. « C'est très sérieux et quand j'entends de la part de certains responsables: "Mais ne vous en faites pas", je me dis qu'il y a une part d'inconscience. Ceci étant, il ne s'agit pas non plus d'affoler la population. » Tout est donc dans la mesure.

Et justement, des mesures, Jean-Jacques Massé en prend. Depuis plusieurs jours, il prépare avec la plus grande minutie la rencontre de samedi, en Coupe de France, entre Poitiers et Châteauroux. Cette semaine, tout s'accélère. Réunions, prévisions, dispositions. « Nous voulons éviter que les foules s'accumulent à l'extérieur des stades. Vous imaginez les dégâts que cela pourrait provoquer si un type se faisait exploser dehors. Donc, nous ouvrons les portes plus tôt et nous procédons aux fouilles à l'intérieur de l'enceinte. Nous surveillons aussi les parkings et les abords. Le jour J, à l'intérieur, je gère tout ce qui au-delà de la main courante. C'est-à-dire que je ne m'occupe pas du tout du terrain et du match. Il y a un poste de commandement et un poste de secours à l'intérieur du stade. Évidemment, j'ai un référent sécurité qui est nommé par le club. Je rappelle que l'article 129 des règlements généraux stipule que les présidents peuvent être condamnés en cas de négligences. » 

Un simple rappel à ceux qui adorent exercer autorités et influences sans mesurer la verticalité de leurs responsabilités. Être président, ce n'est pas seulement endosser un statut social, enchaîner les cocktails ou dissiper l'ennui. C'est assurer la gestion et le service aux autres. Et il y a une date de péremption. Aussi.
 

et aussi

Il va être candidat aux élections du district

Jean-Jacques Massé n'en fait cette fois-ci aucun secret. « Je suis issu du monde rural et j'aime le football de masse. Je vais me présenter pour, j'espère, entrer dans le bureau lors des prochaines élections au district. Le problème est que je ne suis pas très connu par le milieu du football, en général. » Eh bien voilà, c'est fait, le M. Sécurité est presque passé à la postérité.

Seulement à partir du septième tour

Le rôle de Jean-Jacques Massé est aussi précis que planifié. « Je n'interviens sur les manifestations qu'à partir du septième tour, si je prends l'exemple de la coupe de France. Mais il n'y a pas que la coupe. Et je n'ai pas qu'une rencontre à gérer. Ce week-end, j'aurais à superviser trois autres rendez-vous, Saint Florent - Limoges, Aixe-sur-Vienne - AC Ajaccio et Saint-Pantaléon - Bergerac. Et contrairement à ce que l'on peut imaginer, c'est le match de Saint-Pantaléon - Bergerac qui me pose le plus de problème. Car les deux villes sont assez proches et il y aura beaucoup de monde. Heureusement, cette rencontre va se jouer à Brive, ce qui me permet de mieux sécuriser le lieu. »

Juste indemnisé

Pour ses missions, « JJM » ne touche aucun salaire. « Je suis simplement défrayé. Ce sont des indemnités qui me sont versées en fonction des dépenses que j'effectue, sans excès. Je trouve cela normal. Je le fais avant tout par passion. »

Trois sortes de rencontres
 

 « Nous sommes confrontés à trois niveaux de sécurité explique " JJM ". Il y a les matchs où le nombre de spectateurs est estimé à moins de 500 par les organisateurs. Ceux-là ne nécessitent pas de mesures particulières. Il y a ceux qui peuvent attirer entre 500 et 1.500 spectateurs. Là, il y a des mesures de prévention à observer. Et puis, il y a ceux où l'on prévoit plus de 1.500 spectateurs. Ce sera le cas de Poitiers - Châteauroux. A ce moment-là, la rencontre entre dans ce que l'on peut définir comme potentiellement dangereuse et nous déployons une grosse organisation en terme de sécurité. »
 

Fichés S et… S +
 

 « Les gens fichés " " sont connus et répertoriés. Mais à l'intérieur même de ces fichés, il y a ceux qui sont pour l'instant en " attente" et ceux qui peuvent passer immédiatement à l'acte. Ce sont ces derniers qui nous préoccupent aujourd'hui. »

 

Rédigé par Sined

Publié dans #Portraits

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